L'histoire de Heidi et de ses 50 turbans chimio

Depuis quelque temps déjà, l'hôpital Heilig-Hart de Lierre offre un turban de Rosette la Vedette aux patientes qui y suivent une cure de chimiothérapie. Cette idée, c'est à Heidi Wouters qu'on la doit. Lors de son traitement d’un cancer du sein, elle est en effet rapidement tombée sous le charme de nos turbans. Qui est Heidi ? Et pourquoi a-t-elle voulu offrir 50 turbans à l'hôpital de Lierre ? Interview avec une femme admirable !  

Heidi, qui êtes-vous et comment avez vous découvert Rosette la Vedette ?

« J'ai 45 ans et je suis mariée à un homme adorable prénommé Eric. Je suis aussi maman de deux fantastiques ados : Glenn et Joni. En mars 2011, on m'a annoncé que je souffrais d'un cancer du sein. Mon univers s'est écroulé ! Quatre jours après le diagnostic, on m'opérait déjà. Une chimiothérapie et une radiothérapie ont suivi.

En fait, c'est mon père qui a découvert Rosette la Vedette. Il avait découpé une interview dans le journal, avec une jolie photo des foulards. Il pensait que cela pouvait m'intéresser. Le timing était parfait car mes cheveux commençaient à tomber. J'ai alors pris mon courage à deux mains et je me suis rendue sur le site Internet.

Tout de suite, j'ai adoré les turbans. Et puisqu'ils étaient vendus à un prix attrayant, j'en ai commandé 2 en une fois.  Par la suite, j'en ai acheté d'autres dans toutes les couleurs estivales pour pouvoir les assortir à mes petites robes en vacances. Au final, je les ai portés nettement plus souvent que ma perruque. Ils sont tellement doux et faciles à enfiler. » 

L'hôpital Heilig-Hart de Lierre a offert 50 turbans grâce à vous. Comment cela s'est-il passé ? 

« Je travaille pour un grand secrétariat social qui offre régulièrement son soutien à de bonnes œuvres. Lors de la réception de nouvel an l'année passée, le directeur général a fait savoir que chaque collaborateur allait recevoir un chèque d'une valeur de 250 euros à dépenser pour soutenir une œuvre de charité. Le but n'était pas d'offrir individuellement votre chèque à une œuvre de bienfaisance mais de convaincre d'autres collaborateurs d'offrir leur chèque à l'œuvre de votre choix.

 
Je suis tombée malade peu après. Et au fil du traitement, j'ai pris conscience du fait que je voulais absolument venir en aide aux patients atteints d’un cancer. J'ai trouvé que c'était une chouette idée d'offrir gratuitement un turban aux femmes qui suivaient leur première cure de chimio. J'en avais fait l'expérience : lors de cette première chimio, on vous dit que vos cheveux vont tomber mais vous ne savez pas quand, vous ne vous rendez pas compte que la chute est soudain très importante, vous ne savez pas où trouver un turban,… Une foule de questions qui ne font que renforcer votre incertitude. L'infirmier en chef du service d'oncologie a tout de suite trouvé mon idée géniale.

Avec l'aide de mon époux, j'ai réussi à convaincre 14 de mes collègues de travail d'offrir leur chèque à ma bonne œuvre, ce qui a permis de rassembler un beau petit pactole pour l'hôpital Heilig-Hart de Lierre. Avec cet argent, ils ont notamment acheté 50 turbans chez Rosette la Vedette. Et ils envisagent d'en acheter d'autres, ce qui leur permettra de faire plaisir à davantage de femmes. » 

Votre traitement est terminé depuis plus d'un an. Quel regard portez-vous sur cette expérience ? 

« J'arrive maintenant à l'évoquer sans que les larmes me montent aux yeux. Apprendre à accepter la maladie prend du temps. Pour la plupart des gens, c'est la période la plus pénible de leur vie : un jour, vous courez de gauche à droite pour affronter la routine quotidienne et le lendemain, le sol se dérobe sous vos pieds lorsqu'on vous annonce le diagnostic. À ce moment, tout ce qui vous préoccupait jusqu'alors semble soudain dérisoire. La psychologue de l'hôpital m'a appris à retirer les éléments positifs de cette expérience et pour moi, c'était le lien très fort qui m'unit à ma famille. » 

En conclusion : avez-vous des conseils à donner aux femmes qui viennent d'apprendre qu'elles devront suivre une chimiothérapie ?

 « Oui, bien sûr ! Pour commencer : ne vous repliez pas sur vous-même, même si vous vous sentez mal. Allez boire un café avec une copine, demandez à quelqu'un de faire une petite balade avec vous, essayez d'assister au match de foot de votre fils… Le fait que votre apparence ait changé provoque une sensation d'isolement. Mais sortir de votre cocon vous donne vraiment l'impression de faire partie du groupe. Il faut savoir que vous êtes restée la même personne même si, extérieurement, vous ne lui ressemblez plus tout à fait.


Et puis aussi : mettez votre fierté de côté et osez demander de l'aide si ça ne va pas. Nous sommes toutes des femmes fortes qui s'occupent de leur ménage, des enfants, qui bien souvent vont travailler à l'extérieur et nous trouvons tout à fait normal de combiner ces différentes tâches. Mais lors d'un traitement aussi lourd, vous devez être suffisamment réaliste et comprendre qu'il est impossible de continuer à tout assumer seule. Demandez de l'aide. Vos amis et les membres de votre famille apprécieront de pouvoir faire quelque chose pour vous car bien souvent en effet, ils se sentent impuissants. »

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