Cancer et sexualité : interview avec la sexologue Kristel Mulders sur 8 questions fréquentes

8 zorgen rond kanker en seks: interview met seksuologe Kristel van ‘Kanker in de slaapkamer’
La sexologue Kristel Mulders accompagne depuis de nombreuses années des patient·e·s oncologiques dans leur vie intime. Dans son livre Kanker in de slaapkamer (trad.: le cancer dans la chambre à coucher), écrit avec l’aide de l’oncopsychologue Jorane Janssens et de l’oncocoach Ann Bogemans, elle met enfin ce sujet essentiel sur la table. Grâce à des informations fiables et une foule de conseils, elle invite les personnes concernées à redécouvrir leur sexualité après le cancer. Pour Rosette La Vedette, Kristel répond à 8 préoccupations fréquentes autour du cancer et de la sexualité.

1. La sexualité après un cancer ne sera jamais plus la même

Kristel Mulders : « J’évite de parler en termes définitifs comme “jamais”, mais pour beaucoup de personnes – environ 80 % – la sexualité est effectivement différente pendant et après un cancer. Le corps a changé à cause d’une opération ou d’un autre traitement. Il peut paraître différent, mais aussi se ressentir autrement. La chimio, l’hormonothérapie ou la radiothérapie peuvent modifier la sensibilité du corps, parfois même l’engourdir. La fatigue – qui peut durer des années – et la peur d’une rechute influencent également fortement la vie intime. »

2. Où est passé mon désir ?

« Une baisse de libido est très fréquente. C’est compréhensible : la chimiothérapie perturbe profondément le système hormonal, qui régule normalement le désir sexuel. L’hormonothérapie a aussi un effet négatif. Le désir diminue donc spontanément. Malheureusement, on ne peut pas faire grand-chose contre cette chimie modifiée, mais on peut apprendre à vivre avec et explorer ce qui fonctionne encore et procure du plaisir. Planifiez des moments intimes, prenez votre temps, et cherchez ensemble ce qui peut réveiller l’envie. »

3. Pendant le cancer, je pense à survivre, pas au sexe

« On observe deux réactions. Certain·e·s patient·e·s ne pensent pas du tout à la sexualité, et parfois les partenaires l’évitent aussi par fatigue ou pour ne pas “imposer” leur désir. D’autres, au contraire, restent sexuellement actifs car c’est pour eux une façon de relâcher la pression, de se détendre et de se connecter. J’explique aux personnes dont la sexualité s’est arrêtée que cela ne revient pas spontanément. Il faut réexplorer, se demander : comment pouvons-nous réintégrer cette dimension après le cancer ? Pour la majorité, la sexualité – ou au minimum l’intimité – reste importante pour la qualité de vie. »

4. C’est dans ma tête

« La sexualité, c’est à la fois le fonctionnement et le ressenti. La partie “fonctionnement” change réellement avec les traitements : le désir spontané est moindre, l’excitation prend plus de temps, l’orgasme est parfois moins intense. C’est normal, et il faut le savoir. Le vécu psychologique joue aussi : si la peur de la rechute est présente, il reste peu de place pour la détente. Les cicatrices ou changements corporels peuvent également générer de l’insécurité. »

5. Cela ne redeviendra jamais comme avant

« Peut-être que la sexualité ne sera plus exactement comme avant le cancer, mais elle peut redevenir tout aussi épanouissante. Il s’agit de réapprendre à se reconnecter à son corps, puis d’explorer en douceur ce qui procure du plaisir : gestes, positions, moments de la journée… Avec patience et expérimentation, on avance. Certains patients me disent même qu’ils apprécient davantage leur sexualité après le cancer, car ils y prêtent désormais une attention plus consciente. »

6. Et si je devenais infertile ?

« Pour les jeunes adultes, la question de la fertilité rend la sexualité encore plus complexe. Quand un·e patient·e doit mettre son désir d’enfant entre parenthèses, la sexualité peut devenir source de tristesse. Dans ce cas, une bonne information médicale est essentielle : quel sera l’impact du traitement et quelles options existent ? Congélation de sperme, protection des ovaires lors de la radiothérapie… Autant de mesures possibles. »

7. Je suis célibataire et je n’ose plus sortir avec quelqu’un

« Quand on parle de “cancer dans la chambre à coucher”, c’est dans 90 % des cas pour des personnes en couple. Pourtant, les célibataires aussi ont droit à une information claire. Le silence des médecins sur ce point peut être douloureux. Pourtant, il existe beaucoup de façons de réapprendre ce qui fait du bien, et des conseils pour parler à une nouvelle rencontre des changements corporels. La sexualité ne repose pas sur un corps parfait, mais sur une communication sincère. »

8. Les médecins restent muets sur le sujet

« Malheureusement, c’est souvent vrai. Étonnant, car on parle facilement de la perte de cheveux et de son impact, mais pas des effets secondaires sexuels. Or en parler permet de normaliser : “c’est dû à la chimio”. Comment une femme peut-elle savoir que la chimio peut provoquer une sécheresse vaginale, si personne ne le lui dit ? Et comment imaginer que des solutions existent ? J’espère que la gêne autour du sujet disparaîtra. Si votre médecin n’aborde pas la question, osez la poser vous-même : “Ma thérapie peut-elle aussi avoir un impact sur ma sexualité ?” Le soignant doit alors ouvrir la discussion. »

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