on large sourire ne le laisse pas deviner, mais Heidi, visage de Rosette La Vedette, a bien ses doutes. « Est-ce que je pourrai reprendre mon travail, par exemple ? » Mais grâce au soutien de quelques bons amis et de compagnes d’épreuve, Heidi regarde la vie avec optimisme : « J’ai aujourd’hui un regard beaucoup plus attentif sur le plaisir conscient de chaque instant. »
Tout d’abord : comment vous sentez-vous aujourd’hui, Heidi ?
Heidi De Bondt : « Je tiens bon. On me dit souvent que je souris tout le temps. J’essaie en effet. Mais je me sens encore souvent fatiguée et à cette fatigue je ne peux que céder. C’est mon corps qui tire la sonnette d’alarme. Chaque jour, je dois donc m’accorder une heure de repos. Mais je parviens à me concentrer sur les petites choses agréables et belles de la vie : un dîner avec mon père, une balade avec mon caniche Lilly, entendre les premiers oiseaux du printemps, un après-midi au théâtre ou à un concert, une belle chanson à la radio, un lever ou coucher de soleil émouvant. Pour l’instant je ne travaille pas encore : ce retour se fera au jour le jour. Avant ma maladie, je travaillais comme traffic & safety controller chez Infrabel. »
C’est un poste pour lequel vous vous êtes vraiment battue.
« Une formation exigeante l’a précédé. Étudier quelque chose de nouveau à un âge plus avancé est un vrai défi ! J’étais très fière d’avoir réussi et reconnaissante que des personnes aient cru en moi. Même si je n’ai pas travaillé très longtemps chez Infrabel avant d’être malade, tous mes collègues me soutiennent sincèrement. Je me sens portée. Redémarrer me semble excitant. »
Pouvez-vous nous parler brièvement de votre diagnostic de cancer ?
« En mai 2023, les médecins m’ont diagnostiqué un cancer du sein. J’avais moi-même remarqué un changement dans mon sein, mais je pensais que cela venait de la ménopause. Quand j’ai vu une petite dépression, je me suis inquiétée. C’est étrange, mais jusqu’au diagnostic je me persuadais que ce n’était rien. Comme si je me racontais des histoires. »
Avez-vous été bien entourée dès le départ ?
« Tout le monde a été gentil et bienveillant. Quand la mammo et l’écho ont révélé qu’il y avait un problème et qu’il fallait poursuivre les examens, j’étais seule à l’hôpital et c’était dur. Mais les soignants ont été adorables. Pour les examens suivants, mon fils aîné et sa compagne – tous deux infirmiers – m’ont accompagnée. C’était tellement précieux, car dans ces moments-là on est trop sonnée pour tout entendre. »
Comment s’est déroulé votre traitement contre le cancer du sein ?
« J’ai d’abord été opérée, ensuite j’ai reçu vingt semaines de chimio en deux phases, puis des rayons. L’opération a surtout été un défi psychologique : il m’a fallu trois jours avant d’oser regarder l’endroit où se trouvait autrefois mon beau sein. La chimiothérapie a, elle, été physiquement éprouvante : surtout dans la première phase, je devais récupérer plusieurs jours après chaque séance. Durant cette période, j’ai malheureusement aussi perdu ma maman d’un cancer, ce qui a été extrêmement dur. »
Quels ont été vos petits points lumineux dans cette période ?
« Les personnes qui m’entourent. Mes deux fils, ma belle-fille, mes amies qui m’accompagnaient à la chimio. Elles me tenaient compagnie et m’aidaient dans les petits gestes : apporter un thé, mettre les gants de froid. Et Lisette, la dame de 76 ans avec qui j’ai partagé une chambre après mon opération. Elle avait une énergie tellement positive ! Elle m’a vraiment donné de la force. Le contact avec d’autres patientes – ‘my kind of people’ – est important pour moi : elles savent mieux que quiconque ce que l’on traverse. Et je ne dois pas oublier ma petite chienne Lilly. Sa présence me fait un bien fou. Je pouvais aussi m’accrocher à une jolie tenue et aux compliments que je recevais. J’ai tout de suite su que je voulais porter des bonnets pendant mon traitement. Un joli bonnet, une touche de maquillage, les boucles d’oreilles adéquates et je me sentais aussitôt mieux. »
La maladie a-t-elle changé votre regard sur la vie ?
« Je sens surtout que j’ai davantage et plus consciemment le regard tourné vers les petites choses, vers la joie de savourer. Une amie qui m’emmène au théâtre et rouvre un peu mon monde, par exemple. Je consulte aussi un psychologue – chose que je pensais inutile auparavant. Cela fait du bien. Avec mes amis et mes enfants, je vais surtout sourire, ‘faire de mon mieux’, parce que je ne veux pas les charger de mes problèmes. »
Auriez-vous un conseil pour les personnes qui traversent la même épreuve ?
« Même fatiguée, essayez de faire de petites choses et de bouger un peu. Lilly m’aidait à prendre l’air de temps en temps, même brièvement. Alors, sortez de ce fauteuil. Je recommande aussi de rechercher le contact avec d’autres patientes. J’en retire moi-même beaucoup d’énergie positive. Faites donc une activité comme l’oncorevalidation ou optez pour une chambre double : cela ouvre la porte à de belles rencontres de soutien. »
Et comment avez-vous vécu le fait d’être ‘mannequin d’un jour’ pour la séance photo de Rosette La Vedette ?
« J’ai adoré pouvoir montrer que je suis plus que le cancer. Quand j’ai entendu parler du shooting, j’y ai vu directement une chance d’envoyer un signal fort à toutes les femmes qui luttent contre le cancer et perdent leurs beaux cheveux. Une occasion de montrer que, malgré cette vilaine maladie, nous pouvons rayonner et révéler notre beauté. Ce fut une journée magnifique. Ma belle-sœur m’accompagnait et Wendy et son équipe ont été fantastiques. Je parle souvent d’énergie car je suis quelqu’un qui ressent beaucoup. Eh bien, cette journée m’a vraiment donné un boost. Je vois cette expérience comme un cadeau à moi-même, un très bel éclairage aussi. Et si nous pouvons en inspirer d’autres, c’est encore plus beau. »
[photos : automne ’23 – interview printemps ’24]
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