« Je suis vraiment chanceuse », lance Séverine Deloof en plein milieu de notre entretien. Difficile à concilier avec un cancer du sein et la montagne russe de traitements qui a suivi. Mais Séverine parle du flot ininterrompu de messages, de cartes et de gestes de soutien venus de toutes parts. Ses compagnons de vélo, Ilse et Steven, l’ont aussi épaulée sans relâche.
Une boule dans le sein
Le 9 juin 2020, Séverine sent une boule dans son sein. Le 10 juin, elle apprend qu’il s’agit d’une tumeur maligne, et deux jours plus tard, elle a son premier rendez-vous chez l’oncologue. « J’en ai vite parlé à Ilse, qui est une très bonne amie », raconte Séverine. « Le 26 juin, j’ai reçu ma première chimio. Pour cela, il fallait poser un cathéter. Je n’en avais aucune envie et je voulais une anesthésie générale. Mon ami cycliste Steven, infirmier, a réussi à me convaincre d’accepter une anesthésie locale. Il est resté à mes côtés tout le temps. La semaine suivante, il est venu plusieurs fois contrôler la cicatrice et discuter. Quand on travaille dans le médical, on comprend mieux ce que le patient traverse. Et puis il y avait aussi Kathleen, une autre amie cycliste qui avait eu un cancer du sein. Elle m’a accompagnée aux consultations avec l’oncologue. »
Un soutien sous toutes ses formes
« Au début, j’ai été très choquée par la nouvelle », confie Ilse Vercaempst. « Pendant le confinement, nous nous entraînions deux fois par semaine ensemble pour préparer notre voyage à vélo vers le Mont Ventoux cet été-là. J’étais triste que Séverine doive renoncer à tant de choses, mais je n’ai jamais douté que ça irait. Son optimisme aide énormément. Comme elle est très ouverte, nous pouvons tout partager. » Steven Declercq ajoute : « Comme je travaille dans les soins, je vois le cancer différemment, peut-être de manière un peu plus technique. Je suis infirmier au bloc opératoire, mais j’ai pu adapter mes horaires pour être présent à certains moments de son traitement. Je ne suis pas très à l’aise avec l’aspect émotionnel, mais ce n’est pas grave. Notre groupe d’amis est si diversifié que chacun a son rôle à jouer. Chacun soutient à sa manière. »
Café latte et discussions
Lors de la première chimio, Steven a administré les injections à domicile. Pour ses opérations – une double mastectomie et l’ablation des ovaires et des trompes – il était présent au bloc. À l’hôpital, il passait chaque jour lui rendre visite, parfois avec un café latte. « Avec son attitude positive, il savait toujours me remonter le moral », dit Séverine. Avec Ilse, elle part souvent marcher : « Je trouve important de rester active et je marche au moins dix kilomètres par jour. L’air frais me fait du bien et réduit mes migraines. Le vélo est plus compliqué car la chimio affecte mon équilibre. Avec Ilse, on papote sans arrêt. Elle m’envoie toujours un petit mot avant chaque chimio, chaque rendez-vous ou chaque opération. Ses attentions comptent énormément. Après ma première opération, elle est venue me voir à l’hôpital. Pendant qu’on discutait, elle a même fait mon repassage. »
Objectif : Mont Ventoux !
Pour le voyage au Mont Ventoux, Séverine a dû renoncer. Mais ses amis cyclistes l’ont surprise avec une photo prise au sommet : chacun tenait une lettre de son prénom ou un petit cœur. Ilse sourit : « Les lettres étaient dans le sac à dos de Christophe. À Chalet Reynard, à 1 417 mètres d’altitude, il avait tellement de crampes à cause de la chaleur qu’il voulait abandonner. Mais il s’est souvenu qu’il avait ces lettres pour Séverine et il a continué jusqu’en haut. » En 2021, la destination de leur groupe « Zwefie » sera Gérone. « Je suis en traitement jusqu’en juin », explique Séverine. « Comme je ne peux pas forcer, je ne pourrai pas me préparer pour un voyage à vélo. La fatigue est très présente avec les cures qui s’enchaînent. Donc cette année, pas d’efforts trop intenses. Peut-être l’an prochain. Le Mont Ventoux ne s’en ira pas : il reste sur ma to-do list ! » Ilse ajoute : « J’avais juré de ne plus jamais le gravir, mais avec Séverine, je suis prête à relever le défi à nouveau » (rires).
[entretien printemps 2021]
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