Être rassurée, écoutée, comprise : ce que le Majin Huis a changé pour Ann-Sofie

Ann-Sofie: "Iemand die me zegt: dit is normaal, daar ga je moeten aan werken, dat kunnen we doen. Dat stelt mij gerust."
Ann-Sofie Voet habite en Wallonie mais suit son traitement contre le cancer au Grand-Duché de Luxembourg. Médicalement, sa prise en charge est irréprochable, mais certaines de ses questions restaient sans réponse. « Heureusement, par un détour, j’ai fini par rencontrer Els du Majin Huis, une maison ouverte à Gand pour les personnes atteintes de cancer. »

L’été dernier, Ann-Sofie a reçu une mauvaise nouvelle. « J’avais subi une opération pour retirer une tumeur in situ au sein. En principe, ce type de cancer se traite facilement : on l’enlève et c’est terminé. Mais la biopsie a révélé un cancer du sein triple négatif, un cancer qui se divise et se propage rapidement. » Une tout autre histoire, avec un traitement beaucoup plus lourd. « Quand j’ai appris ça, j’ai eu l’impression que le plafond s’écroulait. » Ann-Sofie habite à Messancy, dans la province de Luxembourg, et travaille au Grand-Duché. « Pour mon traitement, je traverse la frontière, c’est plus proche que l’hôpital belge le mieux équipé. »

De l’aide dans sa langue maternelle

Ann-Sofie reconnaît que son traitement au Luxembourg est excellent, mais elle restait avec beaucoup de questions. « Quand j’ai demandé si je devais adapter mon alimentation, mon oncologue m’a simplement dit que je pouvais tout manger. J’avais aussi des questions sur ma ménopause précoce due à la chimio, et sur ma récupération physique. J’avais l’impression qu’elles restaient sans réponse. » Elle se tourne d’abord vers La Vie-là, à Ottignies, une maison pour personnes atteintes de cancer. « Mais très vite, j’ai senti que j’avais besoin d’aide dans ma langue maternelle. Quand on est fatiguée, on parle plus facilement et plus précisément dans sa propre langue. » C’est ainsi qu’Ann-Sofie est arrivée chez Els Van den Driessche, au Majin Huis de Gand (Belgique).

Ralentir la montagne russe des émotions

Quand Ann-Sofie a rencontré Els début de cette année, elle traversait une période difficile. « Je cherchais un cadre de référence, la confirmation que c’était normal de ne pas aller bien. » Els a pu l’apaiser : « J’ai normalisé la situation pour Ann-Sofie. Je lui ai dit que ce qu’elle ressentait était normal, mais qu’après quelques semaines ça irait mieux. » Les deux femmes se parlaient chaque semaine en ligne. « Nous avons listé toutes ses questions et cherché des réponses adaptées, explique Els. Ann-Sofie voulait aussi du soutien physique, je l’ai orientée vers un kinésithérapeute spécialisé en oncologie, qui a pu la suivre à distance. Quand on apporte des solutions concrètes, la tension retombe. Nous essayons de ralentir la montagne russe émotionnelle des personnes avec un cancer, pour qu’elles retrouvent pied. »

Des trucs anti-ruminations

Els, psychothérapeute, a aussi travaillé avec Ann-Sofie sur son besoin de tout analyser. « Je lui ai appris une technique de la thérapie rationnelle-émotive pour l’aider à regarder ses pensées différemment. » Ann-Sofie porte désormais un élastique à son poignet comme symbole. « Une astuce d’Els. Quand mes pensées s’emballent, je tire dessus pour me rappeler à l’ordre. Même mon mari le fait parfois quand il me voit perdue dans mes pensées » (rires). Elle pratique aussi des exercices de relaxation : « Cela m’apaise quand j’ai un coup de fatigue l’après-midi mais trop de tension pour dormir. »

Un vrai dialogue de confiance

Et les séances par ordinateur, ça marche ? « Franchement, oui », répond Ann-Sofie. « Et parfois, c’était même mieux de ne pas devoir me déplacer. » Elle est reconnaissante d’avoir trouvé en Els une oreille attentive et compétente. « Ne vous méprenez pas : mon entourage est formidable. J’ai des amis qui font trois heures de route pour venir déposer un ‘survival kit’ sur notre terrasse, nous saluer par la fenêtre, puis refaire trois heures de route. Mais j’avais aussi besoin d’un regard professionnel. Quelqu’un qui me dit : c’est normal, là tu devras travailler, ça on peut le faire. Ça me rassure. »

[entretien printemps 2021]

La maison Majin : un soutien mental, social et physique pour les personnes atteintes de cancer

« L’hôpital s’occupe du ‘cure’, nous nous concentrons sur le ‘care’ », explique Els Van den Driessche, coordinatrice du Majin Huis de Gand. « Tout ce que nous proposons – du tai chi au yoga, en passant par des ateliers cuisine, des groupes de marche ou des conférences – est pensé pour les patients oncologiques. » Plus d’infos sur www.majinhuis.org

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