Lorsque Martine Maris a appris en février 2020 qu’elle avait un cancer du sein, sa collègue Annick Timmermans fut l’une des premières à qui elle annonça la nouvelle. Annick prit les rendez-vous, l’accompagna aux examens et apporta chocolat, champagne et une bonne dose d’humour dans les moments difficiles.
Infirmière de bloc opératoire, Martine Maris s’était rendue chez le radiologue pour une mammographie et une échographie avant de commencer sa garde du soir. Elle n’avait aucune plainte, il s’agissait d’un simple contrôle. Quand le radiologue a découvert une tumeur et que la gynécologue l’a prise dans ses bras, la mauvaise nouvelle semblait irréelle. Martine : « Je suis allée avec la gynécologue prévenir mon chef de service. En sortant, j’ai croisé ma collègue et amie Annick dans le couloir. Elle ramenait un patient en salle de réveil. Je ne sais plus ce que je lui ai dit exactement. J’étais sous le choc. »
Prendre les rendez-vous à l’hôpital
« Moi aussi, j’étais bouleversée », raconte Annick. « J’ai arrangé avec mes collègues de pouvoir m’absenter et je suis allée retrouver Martine au vestiaire. Elle avait encore une prise de sang à faire, une radio des poumons… J’ai commencé à organiser tous les rendez-vous et je l’ai accompagnée. Dans ces moments-là, le patient n’est pas totalement lucide, il y a tellement d’informations à encaisser. Alors c’est précieux d’avoir quelqu’un qui écoute en même temps que vous. Par la suite, ça s’est avéré très utile aussi. » Martine confirme : « Et pourtant, je travaille moi-même dans le médical. Mais quand on devient patient, on ne regarde plus les choses de la même façon. Une intervention banale comme la pose d’un port-à-cath, je la verrai désormais avec encore plus d’empathie. »
Une portion de soupe en plus
Annick : « Est-ce que ce cancer a changé notre relation ? Oui, il l’a rendue encore plus forte. Nous étions déjà amies en plus d’être collègues. Nous faisions partie du même groupe de teambuilding : on organisait les fêtes, les réceptions de Nouvel An, les moments sympas pour l’équipe. On allait courir ensemble. Quand Martine est tombée malade, c’était évident pour moi de la soutenir. J’ai fait ce que toute bonne amie ferait : lui apporter à manger quand elle n’avait plus l’énergie de cuisiner. Ou préparer une portion de soupe en plus. »
Toujours présente aux consultations
« Annick a aussi veillé à ce que je n’aille jamais seule à un examen ou un rendez-vous », dit Martine. « Oui, parce qu’on retient à peine la moitié de ce que le médecin dit quand on y va seule », ajoute Annick. « Et puis, quoi de plus pénible que d’attendre seule dans une salle d’attente ? Donc quand j’étais libre, j’y allais avec elle. Et si je ne pouvais pas, je demandais à d’autres bonnes collègues et amies de l’accompagner. Pendant la période corona, quand personne n’était autorisé à entrer à la chimio, j’allais donner un morceau de chocolat aux infirmières pour Martine. Ce sont ces petites attentions qui remontent le moral. Ou je demandais aux chirurgiens du service d’envoyer une photo avec un pouce levé pour qu’elle sache qu’on pensait à elle. »
La chimio avec du champagne
« Quand Martine n’allait pas bien et le disait, je n’hésitais pas à le reconnaître », raconte Annick. « Je lui disais : “C’est vrai, tu n’as pas bonne mine aujourd’hui, mais c’est normal. Tu as de la chimio, ça te met à plat. Tu dois te reposer.” Je savais qu’elle ne m’en voudrait pas. On est sur la même longueur d’onde, on se comprend parfaitement. Pour moi, ce n’était jamais gênant. » Martine : « À la fin de la chimio, mes collègues m’ont surprise avec du champagne et une petite broche ‘You did it’. Je ne m’y attendais pas du tout. » Annick : « Nous avons terminé la chimio comme nous l’avions commencée. Quand Martine a eu sa première séance, je suis passée dans sa chambre avec du champagne. Je lui ai dit : ‘Demain tu seras peut-être très mal, alors profitons aujourd’hui.’ Nous avons bu du champagne dans un gobelet en plastique et ri ensemble. » Martine conclut : « L’humour aide. » [entretien printemps 2021]
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